es20042's blog



Depuis quand, avais-je l’attirance vers les corps Ă  corps, la lutte avec un partenaire, Ă  mes 12 ans peut-ĂȘtre, je ne me souviens, et bientĂŽt cette inclination Ă  prĂ©fĂ©rer les corps d’hommes Ă  ceux des femmes, d’ ĂȘtre fascinĂ© par les nus et tout naturellement par la lutte pratiquĂ©e ainsi.

Aussi en passant, il Ă©tait inenvisageable que je ne visite pas le Museo Archeologico Nazionale di Napoli, incontournable pour la grande pĂ©riode antique grecque et romaine ; ce qui frappe lĂ  et Ă©merveille :la nuditĂ© omniprĂ©sente dans la statuaire bien sĂ»r, mais encore toutes ces reproductions Ă©rotiques, ces phallus en Ă©rection omniprĂ©sents, et toutes ces statues de lutteurs nus, la lutte qui paraĂźt-il Ă©tait l’instrument des dieux pour dĂ©partager les hommes. Une visite d'un lieu comme celui-lĂ , mais aussi autre jalons quelques siĂšcles plus tard la Chapelle Sixtine, nous Ă©claire sur l'influence de la culture judĂ©o-chrĂ©tienne sur nos destinĂ©es...

Alors pour une fois, et mĂȘme Ă  Naples, je dĂ©laissais mon vĂ©lo bien chargé ; et cette visite, quelle visite ? En admiration autour d’un piĂ©destal Ă  contempler ce marbre blanc des corps sculptĂ©s de lutteurs en combat, muscles bien saillants Ă©clairĂ©s sublimement par la verriĂšre de lumiĂšre napolitaine, j’étais subjuguĂ© et pas seul Ă  l’ĂȘtre, je n’avais pas remarquĂ© cet homme d’un certain Ăąge qui admirait l’Ɠuvre ; en italien il me dit son amour pour cette statue, et comme il parlait trĂšs bien le français il continua Ă  disserter sur les statues, le musĂ©e qu’il connaissait si bien, puis au fil de la conversation il me dit son amour de la lutte et ce fĂ»t donc tout naturellement que je lui avouais que je partageais ce mĂȘme penchant.
Et tout aussi naturellement, il me dit qu’il aimerait bien reprendre la lutte qu’il avait pratiquĂ© Ă  un bon niveau dans sa jeunesse. Je me hasardais Ă  lui dire que j’aurais bien aimĂ© en faire, au moins essayer, dans ma jeunesse, mais la timiditĂ©, la non confiance en soi, la bĂȘtise plus sĂ»rement, ont fait que j’ai ratĂ© cela, pourtant un de mes futurs (trĂšs futurs) partenaire de lutte me dira que je n’aurais pas Ă©tĂ© trop mauvais.
Du gĂąchis donc, comme pendant cette pĂ©riode du service national, oĂč chaque soir avec un camarade nous faisions un footing, puis prenions une douche ensemble, et cette imbĂ©cillitĂ© de chacun d’avoir envie de toucher l’autre, d’avoir du corps Ă  corps, de lutter ensemble, c’était si Ă©vident que nous n’avons jamais oser, et pourtant quels corps aurions-nous eu en luttant tous les soirs, Ă  avoir chaque jour encore plus envie d’en dĂ©coudre Ă  l’aune de nos progrĂšs d’harmonie musculaire. Oui du gĂąchis, et ces regrets lorsque nous nous sommes revus et confiĂ©s quelques dĂ©cennies plus tard. J’espĂšre que nos jeunes sont moins bĂȘtes !

A ma mi-cinquantaine, j’avais attendu si longtemps, si longtemps et voilĂ  que j’avais rendez-vous prĂšs de Naples, prĂšs de la MĂ©diterranĂ©e avec un partenaire pour lutter ensemble. Je n’y croyais plus, moi qui avait aussi entrepris ce pĂ©riple autour de la MĂ©diterranĂ©e pour lĂącher prise d’abord mais aussi en espĂ©rant rencontrer sur toutes les plages que j’arpentais surtout les naturistes, un lutteur, et bien Ă©videmment c’est comme chercher la perle rare, c’est bien dommage que l’envie de lutter soit aussi peu partagĂ©e !
Cette invitation fĂ»t pour moi un moment dĂ©licieux, unique, je n’avais jamais rien espĂ©rĂ© aussi longtemps de toute ma vie et voilĂ  que cela arrivait, j’espĂ©rais que l’adresse fournie Ă©tait bonne, j’espĂ©rais qu’il ne lui serait rien arrivĂ© sur son trajet de retour comme je fus trĂšs prudent avec la circulation napolitaine de crainte d’avoir un incident m’empĂȘchant d’aller au rendez-vous. L ‘aprĂšs-midi fut Ă  la fois trĂšs longue, et sublime, l’attente dĂ©licieuse, les nƓuds dans l’estomac, les craintes, les dĂ©sirs, les espoirs. VoilĂ , j’allais peut-ĂȘtre savoir ce qu’était vĂ©ritablement la lutte.

De plus en plus fĂ©brilement, je m’approchais de la demeure de mon hĂŽte, mes jambes devinrent cotonneuses, mon cƓur serrĂ© lorsque je l’aperçus , une belle villa, un beau jardin, une vue sur la golfe de Naples, mais je ne me rendis pas compte que c’était comme un paradis.
Sergio m’accueillit donc merveilleusement au portail d’entrĂ©e, me fit visiter le jardin,puis l’avant de sa grande maison. Puis nous prĂźmes un repas frugal mais sublime avec aux murs de sa salle Ă  manger de belles photographies noir et blancs de nus masculins tous plus beaux les uns que les autres, nous parlions de toutes choses, trĂšs simplement, trĂšs naturellement.
Puis il me demanda si j’étais toujours d’accord pour lutter, j’attendais cela mais dĂ©jĂ  le dĂ©cor, mon hĂŽte, le repas me comblaient, mon impatience s’était transformĂ©e en sĂ©rĂ©nitĂ©.
- Bien évidemment, lui répondis-je!
Il ne m’avait pas dit oĂč nous allions lutter, j’avais bien pensĂ© Ă  l’extĂ©rieur sur la pelouse, et puis il ouvrit une porte de l’arriĂšre de la maison, je suis subjugué ! Je vois apparaĂźtre une immense vĂ©randa presque totalement vitrĂ©e inondĂ©e par la magnifique lumiĂšre du coucher de soleil sur la baie de Naples, puis en baissant les yeux, entourĂ©es de beaux carrelages deux cercles : une piscine circulaire et un tapis de lutte aux dimensions de compĂ©titions, je mesure Ă  peine la chance et l’honneur que j’ai! Et en plus d'inaugurer, d'Ă©trenner en quelque sorte cette sublime arĂšne.

Un coup d’oeil vers le jardin arriĂšre et puis nous dĂ©cidons qu’il faut bien en dĂ©coudre. Je sens la tension, l’ Ă©motion, les craintes, les doutes, les interrogations s’emparer de moi, je suis comme dans un Ă©tat entre l’euphorie, l’envie de renoncer, l’envie d’y aller, pour une premiĂšre fois l’occasion est tout de mĂȘme trop belle, mais l’instant dĂ©cisif va arriver, il va bien falloir que je me jette Ă  l’eau, et c’est d’abord la douche qui m’attend, il me tend un maillot de lutte moderne manches et cuissardes hĂ©las assez longues contrairement au vieux maillots ; comme nous avons la mĂȘme morphologie cela devrait m’aller et je me fais une telle joie d’en porter un et en plus il m’a laissĂ© le rouge.

AprĂšs la pesĂ©e, nous sommes Ă  Ă©galitĂ©, nous allons donc nous doucher sĂ©parĂ©ment, la tension est encore montĂ©e d’un cran, le moment fatidique approche, je me sĂšche et m’ apprĂȘte Ă  enfiler le maillot et puis je ne sais pas pourquoi, comme pour me libĂ©rer de tout ce qui me noue sans songer Ă  la rĂ©action de mon hĂŽte, je dĂ©cide de me rendre au milieu du tapis mais Ă  poil !
En sortant de la douche, je l’aperçois furtivement dans son maillot, il me fait forte impression, ravissante et excitante ; malgrĂ© son Ăąge il a une silhouette qui paraĂźt trĂšs jeune ; voilĂ  qu’il m’aperçoit, je crains qu’il ne me rabroue.
Presque instantanĂ©ment, j’aperçois un petit sourire sur son beau visage et aussi, je le comprendrai plus tard, une petite larme d’émotion; je suis enchantĂ© d’autant qu’à la soixantaine il est trĂšs bien conservĂ©, corps Ă  la silhouette jeune, harmonieuse, muscles bien dessinĂ©s, peau superbement bronzĂ©e ; sans aucun temps d’observation, explosivement, le corps Ă  corps s’engage, je n’ai pas le temps d’apprĂ©cier l’instant, la garde tient nos corps un peu Ă©loignĂ©s et je sais dĂ©jĂ  que je vais ĂȘtre Ă  l’ouvrage, et puis s’enchaĂźnent quelques prises bien excitantes, ceintures, corps Ă  corps, verge contre verge, peau contre peau, virilitĂ© contre virilitĂ©, expĂ©rience contre «expĂ©rience» et leur histoire, mental contre mental, il me passe derriĂšre, me met en danger, oui je suis Ă  l’ouvrage mais j’ai ce que je voulais, je voulais savoir ce que c'Ă©tait de ponter, eh bien j'ai su, et cela me plaĂźt d’essayer de me dĂ©fendre, rĂ©sister de toutes mes forces Ă  ses attaques, ma condition physique de cycliste au long cours me permettait de ne as ĂȘtre essoufflĂ© et ma musculature compensait quelque peu mon inexpĂ©rience, quelque peu seulement car sa condition physique Ă©tait excellente. Je suis toujours tombĂ©, mais qu’importe !

Je souffre beaucoup, me fait beaucoup souffrir, mais je ne sais pourquoi je ne suis pas déçu, c’est bien l’idĂ©e que je me faisais de la lutte, je suis comblĂ©, les reprises sont courtes mais finalement le combat dure longtemps, je ressens bien que combattre nus lui plaĂźt beaucoup !
Pendant une pĂ©riode de repos, nous parlons lutte, me dit qu’il a Ă©tĂ© un trĂšs bon lutteur dans sa jeunesse ; Ă  ses prises, ses rĂ©actions, ses attaques, ses parades, ses positions, son mental, je sais qu’il dit vrai et je mesure que c’est sans doute grĂące Ă  son passĂ© de lutteur que j’ai tant apprĂ©ciĂ© ce premier assaut, je crois que tant que l’on a pas affrontĂ© un lutteur qui en a fait sĂ©rieusement, on ne sais pas vraiment ce qu’est la lutte et plus tard j’aurais la chance grĂące Ă  AllFighters de rencontrer un autre ex-lutteur avec lequel j’ai retrouvĂ© les mĂȘmes sensations.
Il me dit aussi sa dĂ©ception, sa dĂ©pression lorsqu’il a Ă©tĂ© obligĂ©, jeune encore, d’arrĂȘter la lutte, et m’avoue qu’il n’avait jamais combattu nu, et pourtant que cela avait toujours Ă©tĂ© son fantasme, son rĂȘve, toujours inassouvi, toujours frustrĂ©, Ă  en devenir dĂ©primant, et nous nous remercions mutuellement pour ce moment, en songeant Ă  tous ceux qui longtemps avant nous, Grecs ou Romains, en ces rĂ©gions, avaient la culture de la lutte, des corps par leur Ă©ducation.

Tout en apprĂ©ciant, admirant, son corps nu devant moi, je lui dis des choses Ă©quivalentes, toutes les frustrations que j’avais ressenties tout au long de trĂšs longues annĂ©es, le gĂąchis de ne pas bien profiter de son corps et, pire encore, de ne pas en faire profiter d’autres hommes.

Les jours suivant, en ressentant les effets de nos confrontations sur notre mental et notre corps , entre virĂ©es Ă  la plage, courses en bateaux, presque toujours nus, nous savourions les instants, regardions et apprĂ©cions la chance que nous avions, nos physiques , notre forme ; les combats continuĂšrent, sur le tapis, dans la piscine, sur la plage, si belle arĂšne, dans la MĂ©diterranĂ©e, toujours palpitants, toujours nus, puis huilĂ©s, encore plus sensuels, plus durs peut-ĂȘtre,
encore plus excitants s’il Ă©tait encore possible, et puis nous nous sentions si bien en lutte sur ce merveilleux tapis rond et la jumelle piscine, normalement aussi en ce merveilleux cadre.

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Last edited on 8/01/2017 3:55 PM by es20042; 4 comment(s)
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